Dessinateur et lithographe, aquafortiste,
peintre de portraits et de genre. Élève, à l'académie de sa ville natale, de
Joseph Paelinck (Oostakker, 1781 - Bruxelles, 1839). Selon Bautier, il est
élève de Florent Willems à l'Académie de Bruxelles et ses premiers essais
lithographiques remonteraient à 1827, mais nous n'avons pas trouvé trace
d'activité si précoce (il n'aurait que 13 ans).
À partir de 1834, L'Artiste insère ses portraits, dont plusieurs portraits de
peintres et graveurs (Henri Leys, Kreins, Bossuet…), qui lui valent une rapide
notoriété :
Nos abonnés
ont pu suivre les progrès très-marqués, faits par M. Beaugniet, depuis deux
ans, à commencer par le portrait de l'acteur Delacroix, dans le rôle de
Jacqueline de Bavière, jusqu'aux derniers portraits de notre collection des
artistes belges, morceaux pleins de sentiment et de talent, qui forment une
œuvre sans rivale dans notre pays.
Les
portraits lithographiés de M. Beaugniet, sont trèsrecherchés ; ils
jouissent d'une grande vogue ; et cette faveur est justifiée par la
fidélité et l'esprit avec lesquels ce jeune artiste rend et les traits et la
physionomie de ses personnages. On trouve dans toutes ses œuvres quelque chose
d'élégant et de distingué qui en rehausse singulièrement le mérite.
Comme
dessinateur, M. Beaugniet a beaucoup gagné depuis quelque temps, son crayon
devient plus ferme et plus gras, ses accessoires sont plus soignés, on voit
qu'il s'attache davantage à la correction. Nous ne pouvons que l'encourager à
continuer ses travaux avec autant de fruit (L'Artiste,
1836, p. 373).
De 1835 à 1842, il travaille avec Louis Huard à
un recueil de portraits des membres de la chambre des représentants, publié par
Antoine Dewasme puis par Degobert & Spelle.
Nous n'avons
jamais vu un portrait plus ressemblant que celui de l'honorable M. Gendebien,
lithographié par MM. Baugniet et Fourmois. C'est ce qu'on peut appeler un
portrait parlant (Le
Courrier belge, 22 avril 1839).
Ensuite, il est l'auteur des illustrations de
la Galerie des artistes musiciens du
royaume de Belgique, 26 planches imprimées par Degobert.
Il entame un recueil qui ne comptera finalement
que 30 planches accompagnées chacune d'un texte biographique, Portraits
d'artistes contemporains. Parmi ces portraits, celui de Luigi Calamatta, à
mi-corps, drapé dans son manteau, qui date de 1837.
Il illustre l'ouvrage de Auguste Voisin[1],
Annales de l'École flamande, moderne, Recueil de morceaux choisis parmi les
ouvrages de Peinture, Sculpture, Architecture et Gravure, exposés aux salons
d'Anvers, de Bruxelles, Gand et Liège ; gravés au trait sur acier par M.
Charles Onghena, ou lithographiées par MM. Madou, Lauters, Fourmois[2],
Vander Haert, G. Simonau, Baugniet, etc. ; avec des notices descriptives,
critiques et biographiques, Gand, 1836[3].
Ce travail a débuté en 1835, comme le signale L'Artiste :
Nous avons
reçu les 1re et 2e livraisons des Annales de l'École
flamande moderne, par M. Aug. Voisin. Elles renferment outre des notices
biographiques, les traits de tableaux de MM. de Braeckeleer, Madou, de Keyser,
Wappers, P. Surmont, Paelinck, Geirnaert, La Fontaine, Kremer et Duvivier. Cet
ouvrage, très bien conçu et exécuté, mérite d'être encouragé. Nous en
reparlerons avec plus de détails (3e année,
1835, p. 288).
Baugniet est le principal illustrateur d'un
ouvrage de contrefaçon en deux volumes dont le premier paraît en 1841 et fait
l'objet d'une longue annonce :
GALERIE DES CONTEMPORAINS ILLUSTRES,
par un homme de rien[4],
avec une lettre préface, par M. De
Chateaubriand,
ornée de magnifiques portraits, dessinés par M.
Ch. Baugniet
Il ne m'appartient pas d'avoir une opinion
relative à l'ensemble de vos biographies dans lesquelles, d'ailleurs, se
montrent tout le talent, le goût, la mesure, la retenue délicate de l'écrivain
(Lettre de M. de Chateaubriand.).
L'appréciation de l'Homme de rien me venge de
bien des iniquités. [M. Dupin aîné].
Lorsque cette galerie sera achevée, toutes les
célébrités de la France et de l'étranger s'y seront donné rendez-vous, et elle
restera comme la collection de portraits la plus originale, la plus impartiale
et la plus ressemblante. [Compte rendu de M. de Cormenin].
CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION.
Cet intéressant ouvrage se composera de cent
vingt livraisons formant deux magnifiques volumes-albums, imprimés avec luxe
sur papier vélin satiné. – Il paraît tous les dimanches une ou deux livraisons,
brochées avec une élégante couverture.
– Chaque livraison de huit pages grand in 8°
sur deux colonnes, contenant la matière d'une biographie complète et un superbe
portrait dû au crayon de Monsieur Ch. Baugniet, se vend au prix de trente-cinq
centimes.
En souscrivant pour six exemplaires à la fois,
on obtient le 7e gratis.
La 1re livraison (16 pages),
consacrée à M. Thiers, est en vente chez tous les libraires.
Immédiatement après elle, se succèdent les
portraits et les notices biographiques de MM. Lamartine, Soult, lord
Wellington, de Châteaubriand, Guizot, de Lamennais, Metternich, Dupin aîné,
Berryer, Béranger, Victor Hugo, Arago, Odilon-Barrot, George Sand, de Broglie,
de Cormenin, Alf. Devigny, etc., etc.
Afin d'ajouter encore à l'attrait de cette
galerie et de la rendre pour ainsi dire nationale parmi nous, l'éditeur se
propose de publier séparément une biographie impartiale des hommes politiques
et des artistes belges les plus distingués. À leur tête figureront : MM.
Nothomb, Lebeau, Van de Weyer, Berriot, de Potter, de Theux, Gendebien,
Wappers, de Stassart, Rogier, Devaux, de Keyser, etc., etc.
On souscrit chez le même éditeur, rue des
Minimes, n° 20, à L'Histoire de Belgique,
par Th. Juste, illustrée par de
Keyser, Simoneau, Madou, Verboeckhoven, Leys, Lauters, Kreins, de Brackeleer,
Baugniet, etc., etc. (Le
Courrier belge, 7 septembre 1840).
La même année, il travaille pour l'éditeur
Jules Géruzet :
Il se publie en ce moment une très jolie et
très piquante revue chez M. Géruzet, éditeur : C’est la Galerie des
artistes dramatiques attachés aux Théâtres royaux de Bruxelles. M. Laborde, notre premier ténor,
marche le premier à la tête de cette phalange dramatique. Son portrait en pied
est de M. Baugniet (Le
Courrier belge, 3 décembre 1840).
Le 22 juillet 1841, il est nommé
"dessinateur du Roi". Il exécute les portraits du Roi et de la Reine,
ainsi que des princes royaux. Ensuite, Baugniet présente aux souverains son
portrait lithographique du Roi imprimé par Degobert (Le Courrier belge, 18 août 1841). Le portrait du Roi par Baugniet
est renseigné par Le Courrier belge du
3 octobre 1841 ; le 15 novembre 1841, ce journal annonce que, bien
qu'ayant été tiré à de nombreux exemplaires, ce portrait du roi sera bientôt
épuisé.
Cette année-là, la presse relève un autre
portrait :
La Société d'Exercice de la 1re
légion de la garde civique vient de faire lithographier par notre habile
dessinateur Baugniet, le portrait de son président, M. Vangelder (Le Courrier belge, 20 novembre 1841).
Une publicité pour Collection des portraits de tous les hommes du jour dessinés par
Charles Baugniet (Ch. Hen, éditeur) paraît dans Le Courrier belge, passim mars 1841). Ce journal annonce le 13
avril 1841 qu'il continue sa galerie de portraits avec celui de la comédienne
Doligny.
Au recensement bruxellois de 1842, il est
déclaré comme "Artiste". Cette année-là, Le Courrier belge,
qui appartient à Marcellin Jobard, déclare :
Baugniet, le
roi de la ressemblance, peindra quand il le voudra ainsi que Simonau, Lauters,
Fourmois, Labergé et même Ponsart.
Celui qui
sait dessiner et juger d'un dessin est bien prêt d'être peintre, et la
lithographie a déjà formé un nombre considérable de dessinateurs, tout en
rétribuant leurs premiers essais ; avantage que les Académies n'offrent
pas (Le Courrier belge, 3 septembre 1842).
L'année
suivante, il entreprend un nouveau portrait du roi Léopold Ier.
Baugniet
travaille en ce moment à un nouveau portrait du Roi, plus grand que celui qui
lui a valu tant de justes éloges. S.M. a bien voulu lui donner déjà huit
séances (L'indépendant, 5 avril 1843).
Le 23 juin
1843, L'Indépendant annonce que ce portrait lithographique est terminé.
Il part pour Londres en juin 1843 et dessine le
portrait du prince consort et de toutes les célébrités britanniques, dont
Charles Dickens. En 1845, Le Courrier
belge annonce que Baugniet est chargé d'un portrait de la Reine, pour
servir de pendant à la grande et belle litho du Roi, publiée il y a quelques
années (Le Courrier belge, 7 décembre 1845).
En 1850, il réalise le portrait de la reine
Louise-Marie, morte cette année-là :
Le succès
que nous avons prédit au portrait de la Reine par M. Baugniet, ne lui a pas
fait défaut et a dépassé peut-être même nos prévisions. C'est à qui veut
posséder cette planche où sont si fidèlement reproduits les traits de
l'excellente Reine que la Belgique regrettera toujours.
Cette
publication a reporté l'attention sur un autre portrait exécuté, il y a
quelques années, par le même artiste, dans les mêmes dimensions, le même genre
et avec le même talent. Nous voulons parler du portrait du Roi, qui obtint, à
son apparition, un succès tel qu'aujourd'hui le tirage est complètement épuisé
et qu'il n'en reste plus un seul exemplaire chez les marchands. Un grand nombre
de souscripteurs au portrait de la Reine, qui pensent avec raison que le
portrait du Roi est le pendant forcé en quelque sorte du premier, se sont adressés
à M. Baugniet pour l'engager à reproduire son œuvre. L'habile artiste n'a pas
cru pouvoir refuser de faire droit à ces nombreuses demandes, et il a reporté
sur la pierre le portrait épuisé. Inutile d'ajouter qu'il a mis a ce travail ce
soin minutieux, cette délicatesse de touche, ce talent si complet qui font de
chacune de ses lithographies une œuvre exceptionnelle. Dans quelques jours, le
tirage aura lieu, et cette œuvre d'art et de patriotisme tout à la fois
obtiendra, nous le lui prédisons d'avance, le même succès qu'à sa première
édition (L'indépendance belge, 21 décembre 1850).
Peintre de genre à partir des années 1860, il
fixe un moment sa résidence à Paris.
Son portrait a été réalisé par Godfried
Guffens.
Adresses : Rue de la Madeleine, 66 <1842> ;
Rue des Épingles, 55 <1862-1866>.
Bibliographie : Biographie générale des belges morts et
vivants, 1850, p. 19 ; Hymans,
Lithographie, p. 443 ; Liebrecht, p. 39 ; Dominique, Nos peintres lithographes
dans La Gazette, 4 octobre
1935 ; Dominique, La lithographie en Belgique de ses débuts à la révolution de 1830
dans La Gazette, 22 octobre 1935 ; De
Seyn, t. 1, p. 37 ; Bautier,
p. 24, Van der Marck, p.
126-130, 148-150 et passim ; Rouir, Eugène,
150 ans de gravure en Belgique, Bruxelles, C.G.E.R./Meddens, 1980, p.
8 ; Jacobs, Alain, Baugniet Charles dans DPB, t. 1, p. 56 ; Piron, Paul, Dictionnaire des artistes plasticiens
de Belgique des XIXe et XXe siècles, Ohain -
Lasne, Paul Piron et les éditions art in Belgium, 2003, t. 1, p. 66 ; Claes, Marie-Christine, Baugniet, Benoît, Charles, Aimé, dans Nouvelle
biographie nationale, Bruxelles, Académie royale des sciences, des Lettres
et des beaux-Arts de Belgique, t. 10, 2010, p. 32-35.
Collections : Bruxelles, KBR, Estampes ; Liège,
Université, Collections artistiques (Galerie Wittert) ; Londres, British
Museum.
[1] L'artiste, 2e année, 1834, n° 3, p. 8 annonce qu'il est nommé inspecteur des monuments historiques de la Belgique. Il est très actif dans le domaine du patrimoine artistique.
[2] Le prospectus de cette publication ne reprend que les trois premiers noms (L'Artiste, 3e année, 1835, p. 136).
[3] Loir, Christophe, L'émergence des Beaux-Arts en Belgique : institutions, artistes, public et patrimoine (1773-1835), Études sur le 18e siècle, Hors série, n° 10, Éditions de l'Université de Bruxelles, 2004, page 278, note 118.
[4] Il s'agit de Louis-Léonard de Loménie (St-Yrieix [Haute Vienne, F], 1815 ) - Menton [F], 1878), Professeur du collège de France, il sera élu en 1874 à l’Académie française en remplacement de Prosper Mérimée (de le Court, Jules-Victor, Dictionnaire des Anonymes et Pseudonymes (XVe siècle – 1900), mis en ordre et enrichi par G. de le Court, t. 1, Bibliographie Nationale, Académie royale de Belgique, Bruxelles, 1960, p. 428 (notice Galerie des contemporains illustres) et 1076 (notice de Loménie).