Baugniet Charles   [1834 - 1860]   ¨                                       Bruxelles

(Bruxelles, 1814 - Sèvres [Hauts-de-Seine, F], 1886)

Dessinateur et lithographe, aquafortiste, peintre de portraits et de genre. Élève, à l'académie de sa ville natale, de Joseph Paelinck (Oostakker, 1781 - Bruxelles, 1839). Selon Bautier, il est élève de Florent Willems à l'Académie de Bruxelles et ses premiers essais lithographiques remonteraient à 1827, mais nous n'avons pas trouvé trace d'activité si précoce (il n'aurait que 13 ans).

À partir de 1834, L'Artiste insère ses portraits, dont plusieurs portraits de peintres et graveurs (Henri Leys, Kreins, Bossuet…), qui lui valent une rapide notoriété :

Nos abonnés ont pu suivre les progrès très-marqués, faits par M. Beaugniet, depuis deux ans, à commencer par le portrait de l'acteur Delacroix, dans le rôle de Jacqueline de Bavière, jusqu'aux derniers portraits de notre collection des artistes belges, morceaux pleins de sentiment et de talent, qui forment une œuvre sans rivale dans notre pays.

Les portraits lithographiés de M. Beaugniet, sont très­recherchés ; ils jouissent d'une grande vogue ; et cette faveur est justifiée par la fidélité et l'esprit avec lesquels ce jeune artiste rend et les traits et la physionomie de ses personnages. On trouve dans toutes ses œuvres quelque chose d'élégant et de distingué qui en rehausse singulièrement le mérite.

Comme dessinateur, M. Beaugniet a beaucoup gagné depuis quelque temps, son crayon devient plus ferme et plus gras, ses accessoires sont plus soignés, on voit qu'il s'attache davantage à la correction. Nous ne pouvons que l'encourager à continuer ses travaux avec autant de fruit (L'Artiste, 1836, p. 373).

De 1835 à 1842, il travaille avec Louis Huard à un recueil de portraits des membres de la chambre des représentants, publié par Antoine Dewasme puis par Degobert & Spelle.

Nous n'avons jamais vu un portrait plus ressemblant que celui de l'honorable M. Gendebien, lithographié par MM. Baugniet et Fourmois. C'est ce qu'on peut appeler un portrait parlant (Le Courrier belge, 22 avril 1839).

Ensuite, il est l'auteur des illustrations de la Galerie des artistes musiciens du royaume de Belgique, 26 planches imprimées par Degobert.

Il entame un recueil qui ne comptera finalement que 30 planches accompagnées chacune d'un texte biographique, Portraits d'artistes contemporains. Parmi ces portraits, celui de Luigi Calamatta, à mi-corps, drapé dans son manteau, qui date de 1837.

Il illustre l'ouvrage de Auguste Voisin[1], Annales de l'École flamande, moderne, Recueil de morceaux choisis parmi les ouvrages de Peinture, Sculpture, Architecture et Gravure, exposés aux salons d'Anvers, de Bruxelles, Gand et Liège ; gravés au trait sur acier par M. Charles Onghena, ou lithographiées par MM. Madou, Lauters, Fourmois[2], Vander Haert, G. Simonau, Baugniet, etc. ; avec des notices descriptives, critiques et biographiques, Gand, 1836[3]. Ce travail a débuté en 1835, comme le signale L'Artiste :

Nous avons reçu les 1re et 2e livraisons des Annales de l'École flamande moderne, par M. Aug. Voisin. Elles renferment outre des notices biographiques, les traits de tableaux de MM. de Braeckeleer, Madou, de Keyser, Wappers, P. Surmont, Paelinck, Geirnaert, La Fontaine, Kremer et Duvivier. Cet ouvrage, très bien conçu et exécuté, mérite d'être encouragé. Nous en reparlerons avec plus de détails (3e année, 1835, p. 288).

Baugniet est le principal illustrateur d'un ouvrage de contrefaçon en deux volumes dont le premier paraît en 1841 et fait l'objet d'une longue annonce :

GALERIE DES CONTEMPORAINS ILLUSTRES,

par un homme de rien[4],

avec une lettre préface, par M. De Chateaubriand,

ornée de magnifiques portraits, dessinés par M. Ch. Baugniet

Il ne m'appartient pas d'avoir une opinion relative à l'ensemble de vos biographies dans lesquelles, d'ailleurs, se montrent tout le talent, le goût, la mesure, la retenue délicate de l'écrivain (Lettre de M. de Chateaubriand.).

L'appréciation de l'Homme de rien me venge de bien des iniquités. [M. Dupin aîné].

Lorsque cette galerie sera achevée, toutes les célébrités de la France et de l'étranger s'y seront donné rendez-vous, et elle restera comme la collection de portraits la plus originale, la plus impartiale et la plus ressemblante. [Compte rendu de M. de Cormenin].

 

CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION.

Cet intéressant ouvrage se composera de cent vingt livraisons formant deux magnifiques volumes-albums, imprimés avec luxe sur papier vélin satiné. – Il paraît tous les dimanches une ou deux livraisons, brochées avec une élégante couverture.

– Chaque livraison de huit pages grand in 8° sur deux colonnes, contenant la matière d'une biographie complète et un superbe portrait dû au crayon de Monsieur Ch. Baugniet, se vend au prix de trente-cinq centimes.

En souscrivant pour six exemplaires à la fois, on obtient le 7e gratis.

La 1re livraison (16 pages), consacrée à M. Thiers, est en vente chez tous les libraires.

Immédiatement après elle, se succèdent les portraits et les notices biographiques de MM. Lamartine, Soult, lord Wellington, de Châteaubriand, Guizot, de Lamennais, Metternich, Dupin aîné, Berryer, Béranger, Victor Hugo, Arago, Odilon-Barrot, George Sand, de Broglie, de Cormenin, Alf. Devigny, etc., etc.

Afin d'ajouter encore à l'attrait de cette galerie et de la rendre pour ainsi dire nationale parmi nous, l'éditeur se propose de publier séparément une biographie impartiale des hommes politiques et des artistes belges les plus distingués. À leur tête figureront : MM. Nothomb, Lebeau, Van de Weyer, Berriot, de Potter, de Theux, Gendebien, Wappers, de Stassart, Rogier, Devaux, de Keyser, etc., etc.

On souscrit chez le même éditeur, rue des Minimes, n° 20, à L'Histoire de Belgique, par Th. Juste, illustrée par de Keyser, Simoneau, Madou, Verboeckhoven, Leys, Lauters, Kreins, de Brackeleer, Baugniet, etc., etc. (Le Courrier belge, 7 septembre 1840).

La même année, il travaille pour l'éditeur Jules Géruzet :

Il se publie en ce moment une très jolie et très piquante revue chez M. Géruzet, éditeur : C’est la Galerie des artistes dramatiques attachés aux Théâtres royaux de Bruxelles. M. Laborde, notre premier ténor, marche le premier à la tête de cette phalange dramatique. Son portrait en pied est de M. Baugniet (Le Courrier belge, 3 décembre 1840).

Le 22 juillet 1841, il est nommé "dessinateur du Roi". Il exécute les portraits du Roi et de la Reine, ainsi que des princes royaux. Ensuite, Baugniet présente aux souverains son portrait lithographique du Roi imprimé par Degobert (Le Courrier belge, 18 août 1841). Le portrait du Roi par Baugniet est renseigné par Le Courrier belge du 3 octobre 1841 ; le 15 novembre 1841, ce journal annonce que, bien qu'ayant été tiré à de nombreux exemplaires, ce portrait du roi sera bientôt épuisé.

Cette année-là, la presse relève un autre portrait :

La Société d'Exercice de la 1re légion de la garde civique vient de faire lithographier par notre habile dessinateur Baugniet, le portrait de son président, M. Vangelder (Le Courrier belge, 20 novembre 1841).

Une publicité pour Collection des portraits de tous les hommes du jour dessinés par Charles Baugniet (Ch. Hen, éditeur) paraît dans Le Courrier belge, passim mars 1841). Ce journal annonce le 13 avril 1841 qu'il continue sa galerie de portraits avec celui de la comédienne Doligny.

Au recensement bruxellois de 1842, il est déclaré comme "Artiste". Cette année-là, Le Courrier belge, qui appartient à Marcellin Jobard, déclare :

Baugniet, le roi de la ressemblance, peindra quand il le voudra ainsi que Simonau, Lauters, Fourmois, Labergé et même Ponsart.

Celui qui sait dessiner et juger d'un dessin est bien prêt d'être peintre, et la lithographie a déjà formé un nombre considérable de dessinateurs, tout en rétribuant leurs premiers essais ; avantage que les Académies n'offrent pas (Le Courrier belge, 3 septembre 1842).

L'année suivante, il entreprend un nouveau portrait du roi Léopold Ier.

Baugniet travaille en ce moment à un nouveau portrait du Roi, plus grand que celui qui lui a valu tant de justes éloges. S.M. a bien voulu lui donner déjà huit séances (L'indépendant, 5 avril 1843).

Le 23 juin 1843, L'Indépendant annonce que ce portrait lithographique est terminé.

Il part pour Londres en juin 1843 et dessine le portrait du prince consort et de toutes les célébrités britanniques, dont Charles Dickens. En 1845, Le Courrier belge annonce que Baugniet est chargé d'un portrait de la Reine, pour servir de pendant à la grande et belle litho du Roi, publiée il y a quelques années (Le Courrier belge, 7 décembre 1845).

En 1850, il réalise le portrait de la reine Louise-Marie, morte cette année-là :

Le succès que nous avons prédit au portrait de la Reine par M. Baugniet, ne lui a pas fait défaut et a dépassé peut-être même nos prévisions. C'est à qui veut posséder cette planche où sont si fidèlement reproduits les traits de l'excellente Reine que la Belgique regrettera toujours.

Cette publication a reporté l'attention sur un autre portrait exécuté, il y a quelques années, par le même artiste, dans les mêmes dimensions, le même genre et avec le même talent. Nous voulons parler du portrait du Roi, qui obtint, à son apparition, un succès tel qu'aujourd'hui le tirage est complètement épuisé et qu'il n'en reste plus un seul exemplaire chez les marchands. Un grand nombre de souscripteurs au portrait de la Reine, qui pensent avec raison que le portrait du Roi est le pendant forcé en quelque sorte du premier, se sont adressés à M. Baugniet pour l'engager à reproduire son œuvre. L'habile artiste n'a pas cru pouvoir refuser de faire droit à ces nombreuses demandes, et il a reporté sur la pierre le portrait épuisé. Inutile d'ajouter qu'il a mis a ce travail ce soin minutieux, cette délicatesse de touche, ce talent si complet qui font de chacune de ses lithographies une œuvre exceptionnelle. Dans quelques jours, le tirage aura lieu, et cette œuvre d'art et de patriotisme tout à la fois obtiendra, nous le lui prédisons d'avance, le même succès qu'à sa première édition (L'indépendance belge, 21 décembre 1850).

Peintre de genre à partir des années 1860, il fixe un moment sa résidence à Paris.

Son portrait a été réalisé par Godfried Guffens.

Adresses : Rue de la Madeleine, 66 <1842> ; Rue des Épingles, 55 <1862-1866>.

Bibliographie : Biographie générale des belges morts et vivants, 1850, p. 19 ; Hymans, Lithographie, p. 443 ; Liebrecht, p. 39 ; Dominique, Nos peintres lithographes dans La Gazette, 4 octobre 1935 ; Dominique, La lithographie en Belgique de ses débuts à la révolution de 1830 dans La Gazette, 22 octobre 1935 ; De Seyn, t. 1, p. 37 ; Bautier, p. 24, Van der Marck, p. 126-130, 148-150 et passim ; Rouir, Eugène, 150 ans de gravure en Belgique, Bruxelles, C.G.E.R./Meddens, 1980, p. 8 ; Jacobs, Alain, Baugniet Charles dans DPB, t. 1, p. 56 ; Piron, Paul, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Ohain - Lasne, Paul Piron et les éditions art in Belgium, 2003, t. 1, p. 66 ; Claes, Marie-Christine, Baugniet, Benoît, Charles, Aimé, dans Nouvelle biographie nationale, Bruxelles, Académie royale des sciences, des Lettres et des beaux-Arts de Belgique, t. 10, 2010, p. 32-35.

Collections : Bruxelles, KBR, Estampes ; Liège, Université, Collections artistiques (Galerie Wittert) ; Londres, British Museum.



[1] L'artiste, 2e année, 1834, n° 3, p. 8 annonce qu'il est nommé inspecteur des monuments historiques de la Belgique. Il est très actif dans le domaine du patrimoine artistique.

[2] Le prospectus de cette publication ne reprend que les trois premiers noms (L'Artiste, 3e année, 1835, p. 136).

[3] Loir, Christophe, L'émergence des Beaux-Arts en Belgique : institutions, artistes, public et patrimoine (1773-1835), Études sur le 18e siècle, Hors série, n° 10, Éditions de l'Université de Bruxelles, 2004, page 278, note 118.

[4] Il s'agit de Louis-Léonard de Loménie (St-Yrieix [Haute Vienne, F], 1815 ) - Menton [F], 1878), Professeur du collège de France, il sera élu en 1874 à l’Académie française en remplacement de Prosper Mérimée (de le Court, Jules-Victor, Dictionnaire des Anonymes et Pseudonymes (XVe siècle – 1900), mis en ordre et enrichi par G. de le Court, t. 1, Bibliographie Nationale, Académie royale de Belgique, Bruxelles, 1960, p. 428 (notice Galerie des contemporains illustres) et 1076 (notice de Loménie).